Afrique du Sud : « La réforme foncière est une question éminemment politique » (Joseph Feyertag)
En Afrique du Sud, le processus de réforme foncière est un véritable exercice d’équilibriste, selon Joseph Feyertag, chercheur du groupe de réflexion ODI. La question devenue très politisée fera inévitablement des mécontents malgré les gestes d’apaisement de gouvernement d’après l’expert.
En Afrique du Sud, la réforme foncière engagée par le gouvernement est une question très politisée, estime Joseph Feyertag, chercheur au niveau du groupe de réflexion indépendant Overseas Development Institute (ODI).
Ce projet défendu par le président Cyril Ramaphosa dès son entrée en fonction en février 2018, devrait consister en des expropriations foncières sans compensation après modification de la Constitution du pays.
S’il est vrai que la réforme foncière a toujours été présentée comme une des clés pour la stabilisation sociale et économique dans la nation arc-en-ciel en raison des inégalités découlant de la période de l’apartheid, le processus reste toutefois délicat.
« La réforme foncière implique une multitude d’intérêts rivaux, ce qui rend la manœuvre difficile. On doit se rappeler qu’il s’agit fondamentalement d’un processus de redistribution. Et dans ce sens, cela exige de retirer la terre à certains pour la donner à d’autres. Quand cela arrive, il y a inévitablement un mécontentement d’une certaine partie de la population », indique M. Feyertag.
D’après le responsable, au-delà du processus de restructuration de la propriété foncière, l’exécutif pourrait travailler en outre, à la sécurisation des droits fonciers.
« Actuellement, environ 30 % des personnes vivant en Afrique du Sud ont un sentiment d’insécurité par rapport à leurs terres. Cela suppose qu’ils considèrent comme probable le fait que leurs parcelles leur soient retirées dans les 5 prochaines années. Quelque chose doit changer pour leur permettre de gagner en confiance et de se lancer dans les investissements nécessaires pour assurer le développement économique », explique l’expert.
Pour rappel, selon les estimations, 72 % des terres agricoles sont détenus par la minorité blanche qui représente moins de 10 % de la population.
Espoir Olodo
Source : Agence Ecofin